Introduction et contexte

 

La Première Guerre Mondiale

 

 Bref rappel du conflit

par Jérémy Berghe

 
-         Les origines de la guerre
 
Il est difficile de donner une cause unique au déclenchement de la Grande Guerre. Il faut plutôt prendre l’étude de la genèse du conflit comme un ensemble d’événements. Parmi ceux-ci, le principal est l’exacerbation des sentiments nationaux dans certains pays européens, dont les empires centraux (Allemagne et Autriche-Hongrie). En Allemagne, dans les années 1910 se développe l’idée selon laquelle il faut donner un nouvel élan à la société allemande. Pour certains intellectuels et dirigeants, il faut régénérer l’Allemagne par la guerre. L’idée de Bismarck selon laquelle l’unification allemande doit se faire par « le fer et le sang » n’a pas totalement disparue. En effet, les particularismes et antagonismes locaux sont encore forts en Allemagne. Voici comment le chancelier allemand Bethmann Hollweg décrivit les sentiments qui le traversa lors du déclenchement du conflit : « Le désir de faire tomber les entraves de sa vie externe et interne fut l’esprit avec lequel le peuple en août 1914 partit en guerre. Le plus grand épanouissement des forces fut exigé d’un peuple qui, égaré par le fourre-tout des doctrines partisanes..., n’avait pas encore trouvé le chemin pour devenir un Etat national... : l’image d’une nation réconciliée, politiquement mûre et capable d’agir efficacement rayonna ... comme une lumière éblouissante. ». L’unité allemande doit se faire par la guerre.
De plus, il faut ajouter à cela une situation internationale tendue depuis la crise d’Agadir qui opposa l’Allemagne à la France en 1911. En effet, l’Allemagne se considère comme brimée dans son ambition de puissance internationale par le fait, qu’à cette époque, sont considérés comme grande puissance les pays colonialistes.
A cela s’ajoute une lutte entre « germanisme » et « slavisme ». En effet, les Allemands surestiment les capacités de la Russie et pensent que sa puissance ne va que se renforcer dans les années futures. Il faut donc agir rapidement contre la Russie pour éviter d’être débordé à l’avenir. On retrouve ici la théorie de l’encerclement allemand par des puissances hostiles. Voici ce que dit Bethmann Hollweg en décembre 1914 : « Un peuple de taille...tel que le peuple allemand ne se laissera pas étouffer dans son développement libre et pacifique ». L’Allemagne va devoir mener une guerre pour défendre sa culture et son peuple. Cet affrontement entre « germanisme » et « slavisme » et à son comble lors des guerres balkaniques de 1912-1913. Ces guerres ont pour ambition de chasser les Turcs des Balkans dans une zone où l’Autriche-Hongrie et la Russie se surveillent de près. L’Autriche-Hongrie a peur que ses populations slaves se révoltent et que la situation profite à la Russie.
Le jeu des Alliances est également à étudier pour comprendre le mécanisme de déclenchement du conflit. Deux systèmes d’alliances défensives s’opposent à la veille du conflit. Il y a d’un côté la Triple Entente qui regroupe la France, l’Angleterre et la Russie (d’où l’impression d’encerclement de la part des Allemands) et de l’autre, il y a la Triple Alliance qui regroupe l’Empire Allemand, l’Empire Austro-Hongrois et l’Italie.
Ainsi, l’assassinat du prince héritier d’Autriche-Hongrie, François-Ferdinand, à Sarajevo le 28 juin 1914 par des extrémistes serbes de Bosnie-Herzégovine (annexée par l’Autriche-Hongrie depuis 1908) servit d’étincelle dans une situation déjà bien explosive.
 
-         Le déclenchement du conflit
 
L’attentat de l’archiduc François-Ferdinand servit donc d’élément déclencheur au premier conflit mondial. En effet, l’Autriche-Hongrie accusa la Serbie d’être responsable de l’assassinat de François-Ferdinand. Or, la Serbie n’y était pour rien puisque les extrémistes serbes venaient de Bosnie-Herzégovine (territoire de l’empire austro-hongrois depuis 1908). Le 23 juillet 1914, l’Autriche-Hongrie adressa un ultimatum de 48h à la Serbie mais les termes de ce dernier sont inacceptables pour la Serbie (notamment le fait que la recherche des responsables de l’assassinat se fasse en Serbie sous la direction d’enquêteurs de l’empire). La Serbie accepte toutes les conditions de l’ultimatum sauf l’envoi des enquêteurs autrichiens. Ainsi, le 25 juillet 1914, l’Autriche-Hongrie rompt les relations diplomatiques et déclare la guerre à la Serbie le 28 juillet 1914. Toujours dans l’optique de défendre les peuples slaves des Balkans, la Russie décrète la mobilisation générale le 30 juillet 1914 à 16 h.
Pour l’Allemagne, la mobilisation générale russe est inacceptable et renforce le sentiment de danger ressenti vis-à-vis de la Russie. La situation est délicate car une guerre contre la Russie signifie une guerre contre la France à cause du jeu des alliances. Une guerre sur un front occidental et sur un front oriental signifie, à coup sûr, la défaite de l’Allemagne. C’est pourquoi, les stratèges allemands ont mis au point le plan Schlieffen qui prévoit de battre la France en six semaines puis de se tourner contre le front russe qui est plus lent à se mobiliser du fait de la taille du pays et de l’importance du nombre de mobilisés.
Ainsi, le 1er août 1914, l’Allemagne et la France proclament la mobilisation générale, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie. Le lendemain, l’Allemagne adresse un ultimatum à la Belgique et envoie des unités pour s’assurer que le gouvernement belge ne s’opposera pas au passage des troupes allemandes sur son territoire. Cette attitude choque un pays qui est resté pour l’instant profondément neutre dans la crise de juillet 1914 : le Royaume-Uni.
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Le 4 août, l’Angleterre déclare la guerre à l’Allemagne. Le 6 août, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Russie. Le 11 et 12 août 1914, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Autriche-Hongrie.
Les protagonistes sont prêts à en découdre mais aucun ne pensait, en cet été 1914, que le conflit prendrait la tournure qu’il a eu. En effet, les stratèges allemands étaient sûrs que le conflit serait court puisque selon eux aucun pays ne pouvait survivre à une telle mobilisation car cela paralyserait toutes les activités économiques.
Il est intéressant d’évoquer les sentiments qui se dégagent dans les pays lors de ces mobilisations générales. En ce qui concerne l’Allemagne, le déclenchement du conflit répond à un sentiment de défense contre une agression. Il y a le développement d’une ivresse guerrière d’autant plus que Guillaume II, jugé avant le déclenchement de la guerre comme timide et faible par la presse nationale, a poussé l’Autriche-Hongrie à se montrer intransigeante contre la Serbie. Toutefois, une fois l’ivresse tombée, les sentiments retournent à l’angoisse et à la panique. Il ne semble pas que les soldats allemands soient plus joyeux que les autres lors du départ vers le front.
En ce qui concerne le Royaume-Uni, ce pays a la particularité d’avoir une armée de métier extrêmement réduite et efficace lors du déclenchement du conflit (100 000 hommes). De plus, il n’y a pas de service militaire en Grande-Bretagne. Cela oblige donc les autorités à faire appel aux volontaires qui répondent en nombre face à l’agression allemande.

En France, on a tous en mémoire l’image d’Epinal selon laquelle les soldats sont partis au combat en 1914 la « fleur au fusil », certains de prendre leur revanche et de récupérer rapidement l’Alsace-Lorraine. Il apparaît en fait que le sentiment revanchard a presque disparu en 1914. Durant la crise de l’été 1914, la population des villes est tenue informée de la crise internationale qui a lieu. Toutefois, les campagnes représentent la majorité de la population française de l’époque et l’annonce de la mobilisation générale provoque la stupéfaction voire la consternation. En effet, la mobilisation générale du 1er août 1914 ne peut pas tomber plus mal pour un paysan puisque, dans certaines régions, les récoltes viennent de s’achever il faut encore les rentrer tandis que, dans d’autres régions, on est en pleine préparation. Pour un paysan, c’est un véritable crève-coeur de laisser à ceux qui restent un tel fardeau inachevé. Il n’y a pas de trouble provoqué par les socialistes (Jean Jaurès a été assassiné le 31 juillet 1914 par un nationaliste) car l’attitude dominante en France semble être la résolution à se défendre contre l’agression allemande.

Ainsi, lors du déclenchement du conflit, 3,6 millions de Français, 3,8 millions d’Allemands et 10 millions de Russes sont mobilisés. Ce sont des chiffres jamais atteints auparavant, l’importance de ces nombres est expliquée par le développement du service militaire obligatoire dans la plupart des pays.
 
-         Les grandes phases du conflit en France
 
L’objectif ici est de présenter très brièvement les principales opérations se déroulant sur le territoire français.
Les troupes françaises étaient massées au niveau de la frontière avec l’Alsace pensant que l’invasion se ferait à partir de ce point. Toutefois, le plan Schlieffen prévoit l’invasion de la France par la Belgique afin de couper les lignes françaises en deux. Face à ce mouvement inattendu, les troupes françaises reculent et le général von Moltke ordonne la poursuite des opérations en contournant Paris par l’Est. Le but de cette manœuvre est d’encercler les troupes françaises pour les forcer à signer un armistice. Joffre décide de céder du terrain pour préparer une contre-attaque victorieuse. Ici, domine toujours l’idée que le sort d’une guerre se joue sur une bataille comme ce fut le cas lors des siècles précédents. Aussi il demande de résister dans la Somme et l’Aisne pour préparer une ligne de résistance dans la Marne. Ainsi, du 6 au 12 septembre 1914, se déroule la bataille de la Marne dont l’un des épisodes les plus connus reste les taxis de la Marne. En effet, le général Gallieni réquisitionne 600 taxis pour amener au front près de 6 000 hommes. Cette bataille de la Marne se termine par l’ouverture d’une brèche dans les lignes allemandes dans laquelle s’engouffre la Ve Armée française et le corps expéditionnaire britannique. Cette manœuvre marque l’échec du plan Schlieffen. Toutefois, la décision de retraite allemande ne doit pas faire espérer à un recul rapide de ces derniers. En effet, dès les premiers signes de replis, les Allemands ont décidé de créer des lignes de défense sur des points tactiques à une dizaine de kilomètres en retrait du front. La création de cette ligne de défense a deux conséquences : la stabilisation du front pour plusieurs années et la « course à la mer ». Cette manœuvre se caractérise par le fait que chaque belligérant tente de déborder son adversaire en remontant vers le Nord. Ainsi, fin 1914, le front s’est stabilisé sur une ligne de plus de 700 km qui va de la mer du Nord à la Suisse. On est passé d’une guerre de mouvement à une guerre de positions.
Une autre bataille est restée dans toutes les mémoires françaises, celle de Verdun qui se déroula du 21 février au 19 décembre 1916. Si cette bataille tient une place particulière dans la mémoire française c’est que 70 % des poilus ont combattu à Verdun. Chaque famille ayant eu un combattant parmi les siens a « connu » cet enfer de Verdun. La genèse de cette bataille se fait dans l’esprit de von Falkenhayn qui, conscient de l’infléchissement démographique français d’avant guerre, voulait causer tant de pertes chez les soldats français qu’il forcerait la France à l’armistice. On retrouve toujours ici l’intention de faire basculer le conflit en une bataille. On évoque souvent la phrase de von Falkenhayn selon laquelle il voulait « saigner à blanc l’armée française ». Cette bataille de Verdun fit également entrer Pétain dans l’Histoire ainsi que le défenseur du fort de Vaux, le commandant Raynal. Cette bataille de Verdun qui a mis hors de combat 378 000 français et 337 000 allemands se solde par des conquêtes territoriales quasi-nulles.
Durant la bataille de Verdun se déroula la bataille de la Somme du 1er juillet 1916 au 18 novembre 1916. Quand l’armée allemande a lancé son offensive sur Verdun, les forces britanniques proposèrent leur aide. Le commandement français refusa, se sentant capable de faire face seul, mais demanda à ce qu’une attaque de soulagement ait lieu ailleurs sur le front. L’armée britannique en 1916 manque cruellement d’expérience puisque la majorité de ses soldats sont des volontaires des forces territoriales et de la nouvelle armée de Kitchener.
La bataille commence le 1er juillet 1916 à 6h25 par d’intenses tirs d’artillerie (3 500 coups par minute). A 7h30, l’assaut britannique est donné. En 6 minutes, le bilan des pertes anglaises est estimé à 30 000 hommes. Ce jour du 1er juillet 1916 est le plus meurtrier de la 1ere Guerre Mondiale et de toute l’histoire de l’armée anglaise avec 60 000 morts, blessés ou disparus sur 100 000 hommes engagés au combat. Cette hécatombe s’explique, entre autres raisons, par le fait que les positions allemandes étaient extrêmement bien consolidées et défendues mais également par l’ordre donné aux soldats anglais de marcher au pas sur le no man’s land ! Cette bataille s’achève par un bilan très décevant puisque les Anglais et les Français n’ont avancé que de 12 km au Nord de la Somme et de 8 km au Sud. Il n’y a pas eu de percé du front allemand. De plus, Péronne et Bapaume ne sont pas récupérés. Le bilan humain s’élève à 419 654 hommes mis hors de combat du côté anglais, 202 567 du côté français et 437 322 du côté allemand.
            Le Chemin des Dames reste un épisode douloureux de l’histoire militaire française de la 1ere guerre. Cette bataille se déroula d’avril à octobre 1917. La décision de mener une bataille à cet endroit du front est d’abord formulée par Joffre puis repris par Nivelle. Le but de ce dernier est de concentrer les forces à un endroit du front pour le percer. En parallèle à cette attaque française sur le Chemin des Dames, les Anglais doivent attaquer du côté de Vimy. Toutefois, les plans français n’ont pas pris en compte le fait que les Allemands occupent cette place depuis septembre 1914 et y ont construit un ensemble défensif extrêmement compact (carrières souterraines comme la Caverne du dragon, souterrain permettant de relier l’arrière aux premières lignes ...). De plus, c’est un terrain extrêmement défavorable pour les Français puisqu’ils vont devoir escalader les pentes du plateau pour y déloger les Allemands. Lors de la préparation des plans de cette bataille, on estimait qu’une fois les deux premières lignes allemandes enfoncées, une armée de réserve permettrait l’effondrement du front allemand. Mangin espère voir progresser les troupes de 100 m toutes les trois minutes sous un tir d’artillerie ininterrompu. Une grande nouveauté dans cette bataille du Chemin des Dames est l’utilisation d’une artillerie spéciale c'est-à-dire de chars. Le 16 avril, l’artillerie doit pilonner les positions allemandes pour détruire jusqu’à la 7e ligne de tranchée. Le rôle de l’infanterie se résumerait à avancer dans la brèche ouverte par l’artillerie et éventuellement « nettoyer les tranchées ».
Toutefois, le plan ne se déroule pas comme prévu à cause des conditions climatiques, les Sénégalais souffrent du gel et les tirs d’artillerie n’ont que peu touchés les lignes allemandes. Les soldats évoluent sur un terrain boueux parsemé de trous d’obus. De plus, les défenseurs allemands surplombent les assaillants et leur réseau de communication surprend les assaillants qui se font tirer dessus à revers. Un député, Jean Ybernegaray, aurait prononcé la phrase suivante : « La bataille a été livrée à 6 h, à 7 h, elle est perdue ». En effet, en fin de journée les gains territoriaux sont minimes et les pertes s’élèvent à 30 000 morts pour la semaine du 16 au 25 avril. Face à la dureté des combats et l’impression d’être sacrifié pour rien, certains soldats désobéissent aux ordres. Le 15 mai, Nivelle est remplacé par Pétain car le gouvernement est au courant des actes de désobéissances. Entre le 20 mai et la fin du mois de juin, 150 unités vont être touchées par des actes de mutineries. Les Allemands en profitent pour lancer une grande contre-offensive. Une commission d’enquête menée par le général Brugère sur cette défaite stratégique française du Chemin des Dames révèlera que : « Pour la préparation comme pour l'exécution de cette offensive, le général Nivelle n'a pas été à la hauteur de la tâche écrasante qu'il avait assumée ». Nivelle sera muté à Alger.
            L’année 1917 est également marquée par deux évènements internationaux qui vont avoir une répercussion sur le déroulement de la guerre en France. Le premier est l’entrée en guerre des Etats-Unis en avril 1917 du côté des forces de l’Entente. Cette entrée en guerre américaine est motivée par la guerre sous-marine à outrance que mène les Allemands en Atlantique. De plus, les Américains gardent en mémoire le tragique épisode du Lusitania du 7 mai 1915 qui fit 1198 morts dont 129 Américains. Voici comment le Président américain Wilson demande au Congrès de déclarer la guerre : « La guerre actuelle de l’Allemagne contre le commerce est une guerre contre l’humanité. Des navires américains ont été coulés et des vies américaines ont été perdues dans des circonstances qui nous ont profondément remués. ». Ce qui touche surtout les Etats-Unis c’est l’entrave à la libre circulation des biens et des marchandises entre l’Amérique et l’Europe.
Le deuxième événement international ayant une répercussion sur le déroulement de la Première Guerre sont les Révolutions Russes d’octobre 1917 durant lesquelles les bolcheviks renversent le Tsar Nicolas II et prennent le pouvoir. Ces révolutions ont pour conséquence la signature de la paix entre l’Allemagne et la Russie lors de l’armistice de Brest-Litovsk le 3 mars 1918.
La libération de l’armée allemande sur le front oriental a pour conséquence le rapatriement des forces sur le front occidental. Ainsi, à partir du 21 mars 1918, les Allemands lancent une série de contre-offensives : 9 avril offensive dans les Flandres, 27 mai dans l’Aisne ce qui a pour conséquence d’enfoncer les armées françaises jusque dans la Marne.
Toutefois, l’arrivée des troupes américaines à partir du mois de mars 1918 fait fortement infléchir les chances de victoire du côté de l’Entente. En effet, à partir du mois de juillet, les Américains ont déployé 1 million d’hommes et ils seront 2 millions au moment de l’armistice. De plus, l’armée allemande échoue dans son offensive en Champagne le 15 juillet 1918. Le 18 juillet, l’utilisation des chars lors de la grande contre-offensive franco-américaine dans la Marne est décisive. Le 26 septembre est décidé par Foch le lancement d’une contre-offensive générale sur le front occidental. Cette dernière est victorieuse puisque l’Allemagne subit également une agitation interne à partir du début de l’année 1918. En effet, le blocus exercé par l’Entente sur l’Allemagne a pour conséquence une détérioration des conditions de vie dans le pays et la population ne soutient plus l’effort de guerre. Ainsi, le 4 octobre 1918, le gouvernement allemand demande l’armistice au président Wilson. Cette agitation se conclue par l’abdication de Guillaume II le 9 novembre 1918 et la signature de l’armistice entre le France et l’Allemagne le 11 novembre 1918 à Rethondes. La guerre est terminée, reste à construire la paix.
 
-         Construire la paix
 
Dès le début de l’année 1918, le président des Etats-Unis, Thomas Woodrow Wilson, présente un programme de 14 points visant à éviter les conflits futurs. Ce texte prévoit la fin de la diplomatie secrète, la réduction des armements, un arrangement sur les questions coloniales dans l’intérêt des peuples concernés, la libération du territoire français et le retour de l’Alsace-Lorraine à la France, la création de la Pologne... Mais surtout ce texte prévoit la création de la Société Des Nations qui aura comme objectif principal le règlement pacifique des litiges entre les pays afin qu’ils ne se transforment pas en conflit. Ces 14 points de Wilson vont également servir de base aux négociations de paix qui débute le 18 janvier 1919 à Paris. Il est à noter que seuls les vainqueurs de la guerre participent aux négociations de paix. Le 28 juin 1919, soit symboliquement 5 ans exactement après l’assassinat de François-Ferdinand qui déclencha la course aux armes, est signé le Traité de Versailles entre les Alliés et l’Allemagne. Ce traité de 440 articles, prévoit l’amputation d’une partie du territoire allemand (Alsace-Lorraine rendue à la France, Schleswig), le démantèlement de la puissance militaire allemande (l’armée allemande ne peut excéder 100 000 hommes selon l’article 160) et surtout attribue la responsabilité de la guerre à l’Allemagne et à ses alliés. En effet, les articles 231 et 232 du traité mentionnent : « Art 231 : Les gouvernements alliés et associés déclarent, et l’Allemagne le reconnaît, que l’Allemagne et ses alliés sont responsables pour les avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages subis par les gouvernement alliés et associés et leurs nationaux en conséquence de la guerre qui leur a été imposé par l’agression de l’Allemagne et ses alliés. », « Art 232 : Les gouvernements alliés exigent, et l’Allemagne en prend engagement, que soient réparés tous les dommages causés à la population civile des alliés et à ses biens ». Ce sont principalement ces deux clauses qui vont rendre ce traité intolérable pour l’Allemagne et qui va donner à la jeune République allemande de Weimar la réputation d’avoir donné « un coup de poignard dans le dos » à l’armée allemande. De plus, pour s’assurer que l’Allemagne paiera bien les réparations, le traité de Versailles prévoit à l’article 428 « A titre de garantie, les territoires allemands situés à l’ouest du Rhin seront occupés par les troupes des puissances alliées pendant une période de quinze années. »
Ce traité de Versailles a alimenté dès le début de longues polémiques. En effet, le poids des réparations a vite été jugé excessif pour l’Allemagne. Cette théorie soutenue par l’influent et brillant économiste J. M. Keynes a connu de larges échos et a alimenté la polémique. Il apparaît toutefois, des études historiques actuelles le prouvent, que l’Allemagne avait les moyens de payer les réparations. De plus, un autre désaveu important pour le traité de Versailles est le refus de sa ratification par le Sénat américain le 19 mars 1919.
Il apparaît donc à la vue de ces deux exemples que le traité de Versailles est l’objet d’insatisfactions et de rancoeurs qui ne pourront que croître dans les années suivantes puisque l’Allemagne le désigne comme un diktat (une chose imposée).
 

 

 

 

 

 

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