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Les cocardes
Casques à pointe et coiffures de l'Allemagne impériale Les cocardes (Kokarde (-n)) |
Cette page est dédiée aux cocardes des coiffures. Elle contient les quatre études de Bernard Vitte sur le sujet complexe de la mise en corrélation entre les unités, les cocardes et les plaques des casques à pointe. Il s'agit donc d'un travail didactique et pédagogique pour lequel la question de l'authenticité des pièces n'est pas le propos. En revanche, il s'agit bien, pour tout collectionneur, de disposer d'un outil de vérification facile d'emploi. Vous trouverez une synthèse complète de ce dossier pour la période 14 -18 dans le livre sur les coiffures allemandes portées au combat.
Des cocardes, pour quoi faire?
La cocarde sert à mettre en avant une symbolique. En France, elle rappelle souvent l'Etat: elle est blanche ou tricolore. Elle se porte sur la coiffure, parfois sur l'habit. Le système de cocardes prend une dimension et une complexité toute particulière dans les Etats allemands à la fin du XVIIIème siècle. Le principe d’une cocarde se concrétise en 1807 en Prusse pour les officiers et se généralise en 1808 pour toute l’armée. Cette cocarde rappelle le Land d'appartenance du soldat. Le casque à pointe porte une seule cocarde (ou Feldzeichen pour les colbacks, les shakos et les tschapkas), celle du Land d’origine à droite (Landeskokarde (*)) ou deux pour les états inféodés à la Prusse (celle de la Prusse à droite et celle du Land d’origine à gauche). Cette règle est vraie pour les Mütze et les casquettes (Schimmütze). Dans la continuité de la création de l'empire allemand, une cocarde impériale (**), Reichskokarde, aux couleurs impériales (noir-blanc-rouge) est créée en 1897 et prévue pour tous les Länder (photo). Elle est portée à droite du casque, la Landeskokarde passant à gauche. La cocarde montre aussi le grade de celui qui porte la coiffure. C'est un élément essentiel pour différencier les soldats des sous-officiers et des officiers. Si les étoiles de l’embase de pointe permettent de faire la différence entre les officiers et le reste des troupes (sauf en Hesse !), la cocarde est le seul indicateur de grade parmi cette dernière population.
La cocarde est donc portée sur l'ensemble des coiffures de l'Allemagne impériale à l'exception des mitres ! Cela est peut-être du au fait que ces coiffures ont été créées aux XVII - XVIIIème siècles, avant l'introduction des cocardes, particularité conservée lors de leur réintroduction dans les années 1890....?
(*) la cocarde du Land est souvent dénommée Landkokarde. Landeskokarde est plus juste.
(**) pour mémoire, une éphémère cocarde nationale (Deutsche Kokarde) avait été créée en 1848, dans la période de la Révolution de Mars (Märzrevolution), qui s'est déroulée entre mars 1848 et la fin de l'été 1849 dans la Confédération germanique. Des soulèvements ont aussi touché les provinces et pays sous domination de l'Empire d'Autriche ou du Royaume de Prusse, comme la Hongrie, l'Italie du Nord ou la Posnanie. Elle est noir, rouge, jaune. Elle aurait été portée jusqu'en 1851.
Cocardes et collectionneurs
L'identification des cocardes et leur authentification est un véritable casse-tête pour le collectionneur. Celui-ci se raccroche souvent à quelques généralités voire à quelques idées toutes faites, abondamment véhiculées sur les fora. Par exemple, il est souvent répété à l'envie que les cocardes saxonnes sont non-dentelées, à la différence des prussiennes. Ce qui est inexact. Au final, il se prive de la diversité du sujet. La photo ci-contre donne un aperçu de la variété du sujet (col Paingat, photo TC).
Les matériaux utilisés ont variés avec le temps. Le cuir, la soie, le tissu, le fer, le laiton, le métal blanc, le carton ont été utilisés. Les premières cocardes pour les casques de troupe Mod 1842 à certains Mod 1860 sont en cuir, particularité qui disparaît jusqu'en...1914: à cette date, des cocardes ersatz, en cuir peint réapparaissent.
Les cocardes et les grades
Outre la désignation de l'origine géographique du soldat, la cocarde est également le moyen de différencier les grades.
Schématiquement, trois types de cocardes…il existe des cocardes en une seule pièce, des cocardes avec un anneau central rapporté strié en diagonale et des cocardes à deux anneaux striés perpendiculairement. De 1842 à 1867, il n’y a que deux types de cocardes : celles pour la troupe jusqu’au grade de sergent et celles avec un anneau central rapporté pour tous les autres grades, sous-officiers supérieurs et officiers. C’est en fait une cocarde plus ouvragée portée par ceux autorisés à porter le sabre. A partir de 1867, est introduite une cocarde spécifique pour les officiers des troupes à pied, ainsi qu’aux Feldwebelleutnant et aux Fähnrich (aspirants officiers). Les officiers des troupes montées gardent le Mod 1867. Les sous-officiers supérieurs, comme les Feldwebel, conservent la cocarde à un anneau. On peut alors appeler cette cocarde « Unteroffizier mit Portepee Kokarde » à partir de cette date.
L’anneau d’officier, simple (pour la cavalerie) ou double, est en général en maillechort parfois en laiton. Il est fixé par 3 ou 4 petites pattes simples ou doubles, repliables qui traversent le métal et viennent se rabattre sur un disque en carton.Ce système a probablement pour but d'éviter les frotemments de ces pattes métalliques sur le cuir de la coiffure.
La cocarde est fixée à demeure jusqu’en 1891, date de l’introduction de la jugulaire amovible sur les casques à pointe. Le système de fixation étant changé, le diamètre du trou l’est également: il est désormais plus grand. Seul le trou central des cocardes d’officiers, de quelques millimètres, ne sera pas modifié avant l'introduction des casques à jugulaires amovibles en 1915.
Le Feldzeichen
Le Feldzeichen est l'équivalent de la cocarde de Land pour certaines coiffures: shakos (sauf en Saxe), tschapkas de uhlans, colbacks de hussards. Il s'agit de pièces de tissu cousues et fixées sur un corps en bois, dans lequel une agrafe métallique permet de le positionner sur la coiffure. Le tissu de l’avers est serré par un cordonnet. Celui d’officier est en cannetille avec un centre et un revers en velours. Il existe des variantes d'achat privé constituées de cordonnets liés. Le Feldzeichen est, comme les cocardes, amovible.(Col Musée de la Targette, photo Coune)
La fabrication des cocardes
Les cocardes sont réalisées par des entreprises privées et commercialisées auprès des assembleurs de coiffures et des chapeliers. Les catalogues des fabricants permettent de visualiser la profusion de modèles. Les cocardes de Mütze de troupe ont deux petits trous verticaux qui permettent d eles coudre sur le tissu. Celles d'achat privé, généralement portées par les sous-officiers ont deux pattes replaibles au revers (attaches parisiennes). La cocarde numérotée 43 est pour les troupes à pied saxonnes. Celles des troupes à cheval sont dentelées. Les cocardes bavaroises gardent des spécificités propres à l'histoire et aux coiffures de ce Land. Les Landeskokarden n'ont pas d'anneau rapporté mais directement matricé.(illustration col TC)
Les cocardes des coiffures en tissu
Les coiffures en tissu portent le même système de cocardes que les casques à pointe. Leur fabrication, en particulier l'estampage et la peinture, est identique. En revanche, les cocardes sont fixées à l'avant, l'une au dessus de l'autre à partir de 1897. (Mütze de cavalerie lourde saxonne avec cocardes à pattes repliables. Col Jean-Marie ALI, photo Coune)
Etudes de Bernard Vitte
La mise en corrélation des cocardes avec les plaques est essentielle pour établir la conformité d'une coiffure allemande.
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